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| Calle Monjas, Valparaíso, Chile, 2012. (Stefano R. Torres) |
Cette chienne errante avait l'habitude de traîner autour de la maison de ma grand-mère, à Valparaíso, la ville portuaire la plus connue du Chili. Ma grand-mère, que j'appelle ma "Lela", depuis ma tendre enfance, l'a baptisé "Doki". Après tout, il fallait lui donner un nom, puisqu'elle est devenue une cliente régulière du kiosque, en venant déguster d'abord les restes que lui gardait ma Lela, puis les plats préparés spécialement pour elle en temps de fêtes...
Il y a énormément de chiens errants, à Valparaíso. Pourtant, ils se fondent dans le décor à tel point qu'ils deviennent «citoyens» à part entière. Ils ne sont pas tous amassés dans un coin de rue, à aboyer sur les gens; ils fond partie du paysage des maisons colorées, des ruelles tortueuses, grimpantes et étroites, du goudron éclaté par les tremblements de terre, des quelques déchets déposés çà et là... Ils sont là, scrutant une poubelle, ou alors couchés au soleil, les yeux fermés. Ce sont des habitants comme les autres, se promenant calmes et blasés, parfois en compagnie d'un chat ou d'un enfant.
Quand je regarde cette Doki, je me sens étrangement un peu comme elle. Non pas «voyageur» ou «aventurier», comme on pourrait le croire. Je me sens juste «là», casanier, blasé... À me rendre là où mes pas veulent bien me mener et à regarder, observer ce qu'il y a autour de moi, en attendant...
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