Albert Narracott (Jeremy Irvine) sur son cheval, Joey, protagonistes du film. |
Suite à un très ambitieux Tintin en « performance capture », Steven Spielberg nous offre un nouveau spectacle, cette fois situé en plein cœur de l’Angleterre et de la Première Guerre mondiale.
War Horse, l’histoire d’une grande amitié entre un jeune adulte, Albert Narracott (Jeremy Irvine), et un cheval, Joey, qui se voit contraint de quitter son dresseur et de partir à la guerre : de quoi passer pour le film le plus naïf et pathétique qui soit, d’autant plus que le livre dont il est tiré, n’est autre qu’un livre pour enfants, conseillé dès l’âge de neuf ans. C’est bien l’idée qu’on est susceptible de se faire pendant les premières minutes du long-métrage, où l’on voit un beau jeune homme au visage « babyface », émerveillé par un poulain, le tout accompagné d’une musique bien cucul-la-praline, devant le magnifique paysage d’une campagne anglaise interminable… Pourtant, cette impression est de courte durée. Dès les premières complications, c’est avec une incroyable force que le film vous submerge, quel que soit votre niveau de cynisme ou « d’esprit critique ».
C’est au cœur de la Première Guerre mondiale que se déroule l’histoire de ces deux personnages. Une époque pendant laquelle les jeunes garçons en fin d'adolescence éprouvaient une réelle excitation à l’idée de pouvoir servir de chair à pâté à leur patrie. Et l’idée qu'on pourrait se faire de cette époque, son ambiance, ressort parfaitement à travers les innombrables décors et les déguisements mis en place pour le film. Des images qui, par ailleurs, ne cessent d’évoquer le cinéma d’une époque révolue.
Enfance et innocence
Joey, le cheval, est le personnage qui n’a rien à voir avec la guerre. Il est le personnage qui ne peut pas avoir conscience des conflits entre les belligérants. Cela le mène à passer tout au long du film du camp des Anglais, à celui des Allemands ou encore des Français ; en réalité, il occupe une place tout aussi grande qu'Albert Narracott, s'agissant finalement d’un acteur comme les autres: « Pendant le film, il y avait des moments où je n'avais même pas besoin de dire aux chevaux ce qu’ils devaient faire. On était dans une scène et ils agissaient d'une façons que je n’étais même capable d'imaginer. »*, racontera plus tard Steven Spielberg.
Joey, Emilie (Celine Buckens) et son grand-père (Niels Arestrup). |
Des Allemands anglophones
Seul hic que l’on pourrait lui reprocher : une langue anglaise universelle, parlée couramment par les soldats allemands et par les Français. Cela met sérieusement en jeu l’authenticité du film et rappelle aux spectateurs/trices qu’en fait, ils se trouvent dans une salle de cinéma... War Horse s'adresse donc bel et bien aux petit-e-s comme aux grand-e-s et est destiné à une distribution pour le moins... massive. (Intérêt monétaire ou préventif ? C'est une autre histoire...) Le résultat est tout de même impressionnant, comme d'habitude, et la qualité des acteurs-trices (animaux ou non) n’est pas à remettre en doute ; aucune grande star à l’écran, mais une sélection d’artistes que l’on repère dans tel ou tel bon film. Les plus émotifs/tives d’entre nous auront alors la simple impression d’avoir vécu une épopée, d’avoir autant mûri et changé que les protagonistes. Sans parler de la musique qui risque de squatter la tête des plus mélomanes pendant quelques jours : John Williams, pour changer. (Sortie le 22 février 2012.)
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* « There were times in the movie when I wouldn’t even tell the horses what to do. They’d be in a scene and would be reacting in that scene in ways I couldn’t imagine a horse would be able to react or act. »