4 oct. 2014

La CAP dans la tourmente

Écrit pour Fréquence Banane : http://www.frequencebanane.ch/content_1361573259.html (février 2013)

 La porte de la CAP, fermée. (© Stefano R. Torres)

Jeudi 21 février 2013 se tenait une séance du Groupe Regards Critiques, qui avait pour but de discuter d'une nouvelle surprenante – du moins pour les étudiant-e-s de l'Université de Lausanne : la fermeture de la CAP.

          La CAP, Cafétéria Autogérée Provisoire (ou Permanente, selon la position politique), c'était une terrasse, au-dessus de la réputée cafétéria de l'Anthropole, où tout-e étudiant-e avait la possibilité, non seulement de réchauffer ses vivres ou de s'installer sur de moelleux canapés mis à disposition, mais surtout de se préparer à manger soi-même, ou encore de se proposer volontaire pour porter la toque du chef. La CAP, c'est terminé, et cela à cause d'un changement de serrure du local, opéré par l'université pendant les vacances d'hiver. C'est en tout cas ce que nous écrivait le Groupe Regards Critiques, en nous proposant de plus amples informations à condition de participer à une réunion-débat. Une trentaine de curieuses et curieux s'y sont rendu-e-s, parmi lesquelles on pouvait compter les membres de l'association, ainsi que les habitué-e-s de la CAP.

           Benoît Frund, vice-recteur du secteur Durabilité et Campus de la direction aurait été au centre des négociations. Au départ, l'espace a été saisi par un inspecteur d'hygiène alimentaire, considérant que l'état de la cuisine ne convenait pas à la préparation de repas. De plus, la vente de ces derniers – qui avait lieu de façon occasionnelle et sans but lucratif – ainsi que l'exposition des prix et l'échange d'argent inévitable qui en découlait, nécessitait une patente, comme l'exige la police du commerce. Le dialogue a été tenté à plusieurs reprises avant la fermeture de l'espace. Toutefois, la Direction exigeait de la CAP qu'un responsable leur fût désigné, afin d'ouvrir le débat, ce qui était totalement contraire au fonctionnement même de la cafétéria autogérée : celle-ci ne se considère pas comme une association, mais a une approche communautaire de l'espace. Tout-e étudiant-e a la possibilité de participer aux réunions, étant donné qu'il n'y a ni membres, ni président-e-s. 

 Pancarte pour la réouverture de la CAP. (Stefano R. Torres)
           Par ailleurs, une question restait en suspens pendant la réunion : comment l'inspecteur d'hygiène alimentaire était-il tombé sur le campus et, surtout, à la CAP? Pourquoi ce si soudain acharnement à vouloir reprendre l'espace en main? Les idées fusent dans tous les sens : d'après un responsable de la librairie autogérée Basta, ancien étudiant de l'université, la CAP aurait été, depuis ses débuts, confrontée à ce genre de problèmes. Surtout depuis son occupation lors d'une grève qui fit passer l'espace aux mains des étudiants, prétend une autre personne. Cela dit, les ennuis ne seraient jamais allés aussi loin. Les idées les plus graves expriment alors la crainte que, depuis la construction du Géopolis, ainsi que les nombreux travaux qu'elle implique, l'université veuille reprendre en main des « zones de gris » dont elle ne s'était provisoirement pas occupée. Le déplacement de Zelig vers le nouveau bâtiment et le déménagement de la Faculté des sciences sociales et politiques, principale défenderesse – avec la Faculté des lettres – de ce type d'association, réduira peut-être à néant un soutien essentiel.

           Le débat reste toutefois sage lors de la réunion. De peur d'envenimer la situation, les personnes concernées souhaitent privilégier le dialogue avant toute action irréfléchie, même s'ils ne comptent de loin pas baisser les bras. En effet, le contact avec Benoît Frund a été rétabli le jour même de la réunion. La CAP est alors en discussion sur les concessions qu'elle serait prête à faire pour sa réouverture, mais surtout sur la limite des concessions qu'elle peut faire. Elle doit définir ses principales priorités en tant que cafétéria autogérée. La préparation libre de repas par les étudiant-e-s – possibilité qui n'est offerte nulle part ailleurs sur le campus – semble en faire grandement partie.

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